lundi 22 février 2010

Une pépite dans la boue ?

L'œuvre dans laquelle je pioche de l'inspiration n'a aucun besoin d'être un sommet de la littérature ou du cinéma. Comme je l'ai écrit dans un précédent billet, c'est même assez pratique de piocher dans quelque chose de troisième série, parce que ça limite le risque que les joueurs connaissent ou reconnaissent la source d'inspiration. C'est comme ça que j'ai pioché des trames de scénarios dans des romans dont on se vante rarement d'en avoir lu un seul de la série, tout en reconnaissant connaître l'existence de ladite série.
Ainsi en est-il d'Embuscade à la Khyber Pass, le n°72 de la série SAS de Gérard de Villiers.

Pas la peine de s'étendre longtemps sur le principe de la série, qui voit un aristocrate autrichien ruiné servir d'agent contractuel à la CIA, dans des aventures mêlant relecture de l'actualité, détails « faisant vrai », tortures pas toujours raffinées, pornographie sexiste pas plus raffinée, et racisme à peine voilé.
Cette Embuscade à la Khyber Pass, publiée au début des années 1980, a pour toile de fond la zone de frontière entre Pakistan et Afghanistan, ce dernier étant, l'époque, occupé par les Soviétiques. Dans ce roman, un agent de la CIA organise une rencontre secrète entre divers chefs rebellés contre la présence soviétique, mais il est grièvement blessé dans une embuscade. SAS est envoyé à la rescousse. L'intrigue tourne ensuite autour de la récupération de photographies qui étaient en possession de l'agent blessé, et qui représentent les divers chefs invités à cette réunion secrète. [Attention, révélation] Si ces photos ont autant d'importance, c'est que l'un des chefs invités a été tué par l'ennemi, et que c'est un imposteur qui compte participer à la réunion et éliminer les autres chefs rebelles. La photographie du « vrai » chef permettrait de démasquer l'imposteur et de faire échouer la machination.

Là encore, il n'est pas très difficile de tirer de ce roman de médiocre qualité une trame satisfaisante pour une aventure de JdR. Il suffit d'en retenir les éléments suivants :
  • une rébellion composée d'une mosaïque de mouvements pas toujours sur la même longueur d'onde ;
  • l'organisation d'une rencontre secrète des chefs ;
  • le remplacement d'un des chefs, morts, par un agent du « camp d'en face » ;
  • l'existence de signes de reconnaissance permettant de s'assurer de l'identité des invités ;
  • une aventure tournant autour de la disparition, de la recherche et de la compréhension de l'importance de ces signes de reconnaissance pour démasquer l'imposteur.

J'avais procédé à une adaptation rôlistique de cette trame à la Révolution mexicaine de 1910-1911. Pour apporter la « chair » mexicaine à ce squelette de trame, j'ai emprunté aussi bien au film Il était une fois la Révolution de Sergio Leone, qu'aux BD de la série Los gringos de Jean-Michel Charlier (sénario) et Victor de la Fuente (dessin), au livre Le Mexique insurgé de John Reed qu'à l'ouvrage Villa, Zapata et le Mexique en feu de Bernard Oudin.

D'autres séries de romans « de gare » peuvent fournir des trames de scénarios de JdR : comme les trames de ces romans sont généralement assez simples, les décortiquer est un bon moyen de se faire la main à cet exercice, avant d'attaquer le décorticage d'intrigues plus complexes.

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1 commentaire:

  1. Cette passe de Khyber me rappelle une autre inspi pour rôliste, "L'usage du monde", récit de voyage de Nicolas Bouvier (que j'avais chroniqué il y a quelques mois sur mon propre blog) et qui raconte le voyage de deux Suisses depuis la Yougoslavie jusqu'à cette fameuse Khyber Pass dans les années 1955-1960. Dépaysement garanti!

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